vendredi 9 avril 2010

Épidémie de carence en vitamine D, supplémentation en vitamine D3 et taux sanguin optimal de 25 (OH) D

(Source : Recu par courriel) - Merci à Nathalie Roussy dont on peut consulter le site ici


Depuis quelques années, la recherche très active au sujet de la vitamine D tend à démontrer un nombre de plus en plus élevé de ses bienfaits sur la santé en général. Étant donné qu’il est reconnu maintenant que la carence en vitamine D constitue une pandémie affectant les pays nordiques, l’enjeu de la connaissance scientifique sur cette question est donc crucial pour la santé publique.

En mars 2010, une équipe de chercheurs japonais a pu faire publier les résultats de leur recherche clinique sur la vitamine D et l’influenza, dans la revue American Journal of clinical nutrition. Il s’agissait d’une étude expérimentale à double insu avec placebo, avec un triage au hasard des participants âgés de 6 à 15 ans. Les participants du groupe expérimental ont pris 1200 IU de supplément de vitamine D3 durant trois mois. On a observé, au terme de la recherche clinique, 50% de réduction de grippe chez les enfants sans asthme. On a pu également, chez les enfants asthmatiques, observer une diminution des crises d’asthme.


Mais la protection que semble offrir la vitamine D va bien au-delà de la protection contre l’influenza. On reconnait de plus en plus un lien entre un bas taux de vitamine d sanguin, mesuré avec le test 25 (OH) D, et différentes maladies, telles que le cancer, le diabète, les maladies du cœur, la parodontite et les maladies auto-immunes. Ce que l’évidence scientifique tend à démontrer est l’incroyable capacité de la vitamine D à assurer un bon fonctionnement du système immunitaire.


Le taux optimal de vitamine D sanguin

Les découvertes scientifiques sur les vertus de la vitamine D pour le système immunitaire sont très récentes. Pour l’instant, le consensus qui se dessine est la recommandation de maintenir le taux de vitamine D, mesuré par le test 25 (OH) D à, au minimum, 30 ng/ml (75 nmol/l). On considère qu’il y a carence à un taux de moins de 20 ng/ml et qu’il y a insuffisance pour un taux se situant entre 20 et 30 ng/ml. Pour ce qui est du taux toxique, on fait mention de 100 ng/ml à 150 ng/ml, selon les sources. Mais entre le taux toxique et le taux minimum acceptable se trouve forcément le taux optimal. Qu’en disent les quelques spécialistes qui s’aventurent sur la question ?

Le Dr John Cannell, chercheur sur la vitamine D mondialement connu, auteur de plusieurs articles scientifiques publiés dans des revues, et directeur de l’organisme Vitamin D Council, considère que 50-80 ng/ml de 25 (OH) D est le taux optimal de vitamine d sanguin.

Selon le Dr Joseph Mercola, auteur de The Dark deception, livre traitant du sujet l’épidémie de carence en vitamine D, le taux optimal de 25 (OH) D est de 50-70 ng/ml.

Quant au Dr Reinhold Viet, éminent spécialiste mondialement reconnu sur la vitamine d, il affirme qu’il n’existe aucune preuve de toxicité reliée à une concentration de 25 (OH) D plus élevée que 56 ng/ml, sauf pour les cas rares d’hypersensibilité à la vitamine D. De plus, il mentionne que les personnes habitant dans des régions ensoleillées et se retrouvant souvent à l’extérieur, comme c’est le cas pour les sauveteurs, se retrouvent avec des taux sanguins allant jusqu’à 90 ng/ml.

Intoxication à la vitamine D

Dr. Vieth a affirmé qu’il existe peu d’évidence derrière la crainte répandue d’intoxication à la vitamine d avec une supplémentation modérée. Il mentionne que les études montrant des effets toxiques, comme l’hypercalcémie, ont toutes utilisé des doses de vitamine D au moins égales à 40 000 UI/jour. Par ailleurs, deux études pilotes récentes qui ont impliqué des femmes qui allaitaient et qui prenaient des doses de 6400 IU de vitamine d quotidiennement n’ont démontré aucune preuve d’intoxication. De plus, leur bébé ont vu leur taux sanguin de 25 (OH) D passer en moyenne de 13 ng/ml à 45 ng/ml.

Également, d’après des échantillons de tests de 25 (OH) D de plus de 5000 Canadiens, aucun participant n’affichait une concentration supérieure au taux toxique de 375 nmol/L (150 ng/ml).

La moyenne nationale canadienne de vitamine d sanguin

Lancée par Statistique Canada en 2007 en partenariat avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) a permis de recueillir des mesures physiques directes de la santé et du bien être auprès d’un échantillon de Canadiens représentatif de la population nationale. Il s’agit de l’enquête comprenant des mesures directes de la santé la plus complète jamais entreprise au Canada à l’échelle nationale. Selon cette vaste étude, la moyenne canadienne de 25 (OH) D, tous les mois de l’année confondus, était de 27 ng/ml (67 nmol/l). Près de 70% affichaient un taux inférieur à 30 ng/ml durant la période de novembre à mars, soit le taux minimum recommandé par consensus scientifique. Pour la période d’avril à octobre, ce pourcentage était de 61.4%. 10 % des Canadiens avait une concentration considérée par le gouvernement comme inadéquate pour la santé des os (moins de 15 ng/ml). Chez 4% de lapopulation, on a détecté un taux de moins de 11 ng/ml.

Des résultats similaires à ceux de l’étude lancée par Statistiques Canada ont été retrouvés par le Dr Viet et ses associés dans une étude corrélationnelle menée auprès de femmes canadiennes. Ils ont de plus trouvé que 26% des femmes qui n’étaient ni noires ni blanches présentaient un taux de 25 (OH) D inférieur à 16 ng/ml. Dans le cas des femmes blanches, ce pourcentage était de 15%.

Comment atteindre un taux sanguin optimal de 25 (OH) D avec la supplémentation


Le Dr Viet et ses associés ont trouvé que ni la consommation de lait, ni la supplémentation en vitamine D selon les recommandations gouvernementales canadiennes, ne prévenait les insuffisances en vitamine D.2 Ils sont arrivés à la conclusion que les recommandations de Santé Canada sont insuffisantes pour les besoins des Canadiennes. Une personne qui s’expose aux rayons UVB du soleil, durant les mois d’été, en maillot de bain, sans crème solaire, peut produire entre 10 000 et 20000 IU de vitamine d. Une telle exposition solaire, à la fréquence de trois fois par semaine, en maillot de bain, permet de produire au moins 30 000 IU de vitamine d par semaine, soit une moyenne de 4300 IU par jour. Pourquoi cette personne ne pourrait-elle pas continuer à bénéficier de ce 4300 IU par jour de vitamine D durant l’hiver, en prenant cette fois-ci des suppléments, puisque notre corps peut produire naturellement de telles grandes quantités sous l’effet des rayons UVB ? Qu’arrive-t-il au taux sanguin de vitamine D d’une personne qui consomme quotidiennement 4000 IU de vitamine D par jour durant les mois d’hiver ?

Selon les données présentées par Carol L. Wagner et associés, dans un article de la revue Pediatrics de novembre 2008, pour chaque 40 IU de supplément de vitamine D quotidien qui est consommé durant 4-5 mois, le taux de 25 (OH)D augmentera de 0.28 ng/ml. Ce qui signifie qu’avec la recommandation en supplémentation de vitamine D la plus audacieuse que la plupart des organisations gouvernementales puissent émettre, soit celle de 1000 IU par jour, le taux sanguin de 25 (OH)D d’une personne pourra augmenter de 7 ng/ml en 4-5 mois. Dans le cas d’une personne qui consomme 4000 IU, elle verra son taux de 25 (OH)D augmenter de 28 ng/ml. Si on considère la moyenne canadienne de 25 (OH) D de 27 ng/ml, tous les mois confondus (n’oublions pas que le taux moyen d’hiver de 25 (OH) D est plus faible que le taux moyen annuel), on peut évaluer qu’un adulte moyen se retrouvera, en prenant quotidiennement 4000 IU de vitamine D, avec un taux sanguin de 25 (OH) D de 55 ng/ml, taux optimal selon le Dr Cannell. Pour 10% des Canadiens, présentant un taux de 25 (OH) D inférieur à 15 ng/ml, une telle prise de suppléments en vitamine D3 de 4000 IU par jour durant les mois d’hiver ferait en sorte de faire passer leur niveau sanguin de vitamine D pouvant aller jusqu’à un maximum de 43 ng/ml (encore sous optimal selon le Dr. Cannell).

Conclusion

L’évidence scientifique ne va pas dans le sens d’un risque élevé d’intoxication par la supplémentation quotidienne, durant les mois d’hiver, avec 1000 IU de vitamine D3 par 25 livres de poids corporel. Cette recommandation a été faite par Dr. Cannell et ses associés, dans une étude publiée dans la revue Annals of Otology, Rhinology And Laryngology, en 2008. Au contraire, le risque provient de ne pas tenir compte de l’épidémie de carence en vitamine D au Canada, ainsi que dans les pays nordiques, et des conséquences qui en découlent sur la santé publique et la santé des individus. De plus, un simple test de 25 (OH) D permet justement d’ajuster la dose en fonction des besoins individuels. En effet, il existe plusieurs facteurs pouvant influencer le taux de 25 (oh) D et les besoins individuels en supplémentation de vitamine D3, dont la couleur de la peau, le poids, la saison, l’exposition aux rayons UVB naturels ou artificiels, l’état de santé et l’âge. Étant donné la prévalence très élevée de niveaux sous optimaux de 25 (OH) D parmi les populations des pays nordiques, tel que le Canada, il serait souhaitable qu’un nombre plus élevé de personnes passent le test 25 (OH) D, après avoir pris un supplément de vitamine D3 durant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Il serait recommandé d’ajuster la supplémentation à la baisse ou à la hausse le cas échéant, et de repasser un test, jusqu’à ce qu’on retrouve un niveau de 25 (OH) D optimal. Cette manière de procéder a le mérite d’être à la fois sécuritaire et adaptée aux besoins de chaque individu. Elle tient la promesse d’une atteinte des niveaux sanguins souhaités, en plus de permettre la cessation des spéculations sur la quantité de suppléments en vitamine D qui doit être prise.  
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RÉFÉRENCES


1 Carol L. Wagner, MD, Frank R. Greer, et al. Prevention of Rickets and Vitamin D Deficiency in Infants, Children, and Adolescents Pediatrics. Vol. 122 No. 5 November 2008, pp. 1142-1152 doi:10.1542/peds.2008-1862
2 Vieth R, Cole DE, et al. Wintertime vitamin D insufficiency is common in young Canadian women, and their vitamin D intake does not prevent it. Mount Sinai Hospital, Toronto, Canada. Eur J Clin Nutr. 2001 Dec ;55(12):1091
3 Mitsuyoshi Urashima, Takaaki Segawa, et al. Randomized trial of vitamin D supplementation to prevent seasonal influenza A in schoolchildren Am J Clin Nutr (March 10, 2010). doi:10.3945/ajcn.2009.29094
4 Michael F. Holick5. The Vitamin D Epidemic and its Health Consequences.
J. Nutr. 135:2739S-2748S, November 2005
5 Dr John Cannell. Site web Vitamin D Council. http://www.vitamindcouncil.org/
  6 Cannell John J., Vieth Reinhold et al . Cod liver oil, vitamin A Toxicity, Frequent Respiratory Infections, and the Vitamin D Deficiency Epidemic. Annals of Otology, Rhinology And Laryngology, 2008,. 117 (11) : 864-870
7 Joan M Lappe, Dianne Travers-Gustafson, K Michael Davies, Robert R Recker, and Robert P Heaney. Vitamin D and calcium supplementation reduces cancer risk : results of a randomized trial Am J Clin Nutr 2007 ;85:1586 –91
8 Dr Mercola. Test Values and Treatment for Vitamin D Deficiency. 23 février 2002 http://articles.mercola.com/sites/articles/archive/2002/02/23/vitamin-d-deficiency-part-one.aspx
9 Reinhold Vieth Vitamin D supplementation, 25-hydroxyvitamin D concentrations, and safety. American Journal of Clinical Nutrition, Vol. 69, No. 5, 842-856, May 1999
10 Thierry Souccar. Vitamine D : le nouveau scandale sanitaire. Mai 2007. La Nutrition.fr http://www.anamacap.fr/telechargement/alimentation/vitamined2.pdf
11 Kellie Langlois, Linda Greene-Finestone et al. Les niveaux de vitamine D chez les Canadiens selon les résultats de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, 2007–2009. Statistiques Canada
12 Pittas AG, Lau J, et al. The role of vitamin D and calcium in type 2 diabetes. A systematic review and meta-analysis. J Clin Endocrinol Metab. 2007 Jun ;92(6):2017-29.
13 Cantorna MT, Mahon BD. Mounting evidence for vitamin D as an environmental factor affecting autoimmune disease prevalence. Exp Biol Med (Maywood). 2004 Dec ;229(11):1136-42
14 Holick MF, Chen TC. Vitamin D deficiency : a worldwide problem with health consequences. Am J Clin Nutr 2008 ; 87 (4) : 1086S

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